mercredi 26 novembre 2014

STATUT ZEP, STATUT REP



Un problème général
Le problème ne se pose pas qu’au niveau de l'Ecole Aqueduc mais de façon beaucoup plus générale. L'Ecole manque cruellement de moyens, nous sommes très loin d'une situation idéale. Les ZEP, notamment grâce au plafonnement du nombre d'élèves par classe ne sont qu’un tout petit peu moins loin d'une situation normale.
Concernant les effectifs en primaire, la moyenne OCDE est de 21 élèves par classe, l'Education Nationale annonce des moyennes nationales à 26 en maternelle et 23 en élémentaire pour 2013. Comment accepter que des établissements accueillant des enfants "défavorisés" (au sens éducation nationale du terme), dont les capitaux sociaux, culturels et économiques sont en dessous de la moyenne, aient des classes plus chargées et soient privés de moyens qui ont démontré leur efficacité dans la lutte contre le déterminisme social. Ce, d'autant plus que la taille des classes a un impact direct sur la réussite scolaire.



La mixité
Contrairement à ce que l'on entend, notamment pour justifier la sortie du Collège Valmy du dispositif, la mixité n'est pas, dans notre arrondissement, une situation stable. Il faut du temps pour l'installer et beaucoup moins pour la voir disparaître. Les catégories défavorisées sont captives, elles ne maîtrisent pas les codes de l’Ecole, n’ont pas la connaissance ni les moyens nécessaires à la mise en œuvre des nombreuses possibilités de contournement. A l’inverse, les catégories favorisées sont les plus volatiles. L’attractivité d’un établissement a donc un impact direct et rapide sur la mixité.
Ainsi, le statut ZEP n'est pas seulement un outil pour installer la mixité, c'est aussi ce qui permet de la maintenir. Même si M. Algrain a, à juste titre, fait modifier sa citation sur le site internet du Nouvel Observateur, nous ne sommes pas d'accord avec cette notion de "point de bascule" invoquée par le rectorat et nous sommes curieux de connaitre les éléments qui supportent cette analyse.
Si le collège Valmy n’est pas en REP, les conditions d’enseignement vont inévitablement s’y dégrader : des classes plus chargées, moins d’accompagnement pour les élèves en difficulté, le sacrifice de nombreux projets pédagogiques, un risque pour la stabilité des équipes. Comment affirmer que ces évolutions inéluctables n’auront pas d’impact sur l’attractivité du collège ?

Méthodologie du classement : prendre aux pauvres pour donner aux pauvres ?
Sur la méthode, le postulat de l'enveloppe fermée est une erreur fondamentale. Mettre les moyens sur les zones les plus défavorisées est nécessaire, récupérer ces moyens sur le dos d'établissements "moins défavorisés" est aberrant. 

Voir l'article de Louise Tourret "ZEP: prendre aux pauvres pour donner aux pauvres" sur Slate.fr

A part à la marge, aux erreurs de métrique près, personne ne peut contester le classement fait par l'Education Nationale. La Seine Saint-Denis est infiniment plus défavorisée que Paris et nécessite d'autant plus de moyens. De même, dans Paris, le 19e est dans une situation plus critique que le 10e... Mais cela ne veut pas dire que le 10e n'a pas de besoins. Nous ne sommes pas dans une logique rationnelle mais dans une simple répartition de la pénurie.
Le Rectorat nous enferme ainsi dans une situation intenable : comment nous plaindre de perdre nos "avantages" puisque d'autres en ont "vraiment" besoin (en tout cas plus que nous) ?
Les seuils décidant du statut ZEP ne sont pas définis en fonction de critères sociaux ou pédagogiques. Dans notre académie, personne ne se pose la question de savoir à partir de quel taux de CSP- et quel effectif de classe la situation se dégrade. Personne ne va voir dans les établissements si un surcroit de moyens est nécessaire (ou pas).
La question n'est pas définir formellement quels sont les seuils pertinents, la méthode du Rectorat est aussi brutale qu'injuste : si on a une enveloppe pour N établissements, les seuils correspondront simplement aux indicateurs du Nième établissement le plus défavorisé, que les suivants aient des besoins ou non.
Selon cette logique comptable, le collège Valmy ne sera pas en REP l’année prochaine. Avec 40% d’élèves boursiers, 32% d’élèves issues de familles défavorisées, 18% d’élèves en retard scolaire à l’entrée en 6e, 58% de réussite au brevet des collèges 2013 (85% de moyenne nationale, 82% sur l’académie de Paris), il n’est pas considéré comme suffisamment défavorisé pour conserver son statut.

Notre position
La révision régulière des statuts des établissements et de l’attribution de moyens supplémentaires est une nécessité. La situation sociologique des quartiers et des établissements évolue et les moyens doivent logiquement être redistribués en conséquence. C’est une question de bonne gestion et surtout de justice sociale. Nous ne sommes donc pas opposés à ce que des moyens soient retirés aux établissements qui n’en ont plus besoin pour être transférés à ceux qui en ont besoin.
Ce que nous ne pouvons pas accepter, en revanche, c’est que cette redistribution se fasse aux dépends d’établissements dont les besoins sont avérés.
Ainsi, nous aimerions que le statut REP soit accordé en fonction des situations absolues et non de la position relative des établissements sur l'échelle des difficultés sociales. Nous considérons que le collège Valmy doit être en REP parce que des années de travail commencent à porter leurs fruits et que, contrairement à ce qu'affirme le rectorat, la situation n'est pas encore consolidée. Plus largement, nous considérons que le statut REP doit profiter à toutes les écoles qui accueillent massivement des élèves issus de familles défavorisées, comme Louis Blanc ou Eugène Varlin, entre autres.

Nous sommes fermement opposés à l'injustice de l'enveloppe fermée ; si Valmy passe en REP, nous serions choqués que cela soit aux dépends d'un autre établissement ayant les mêmes besoins.

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